Pour Narcisse (résumé)

 

DE L'AUTEUR

(Agata Golebiewska)

Daniel S. Milo (1953), penseur et artiste. Il partage son temps entre son Tel Aviv natal, Paris, et, de plus en plus, New York. Il écrit en langue française et il dirige un séminaire à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris où, depuis 15 ans, un groupe d'élèves s'est formé autour de lui méritant le nom d'« école Milo ».

Etant en même temps auteur et enseignant reconnu, fondateur de l'histoire expérimentale, prônant, entre autre, un renoncement temporaire pour les historiens à consulter les archives, il publie la trilogie Clefs (Les Belles Lettres, 1993), Pour Narcisse. Traité de l'amour impartial (chez l'auteur, 1996) et Héros & Cobayes (Les Belles Lettres, 1997) – oeuvres inclassifiables qui expriment pleinement sa philosophie originale.

Son oeuvre inclut également le théâtre et le roman ainsi que des scénarios de cinéma. Il a réalisé des courts métrages et des spectacles. Son dernier projet est une exposition collective, inspirée par son livre à paraître, TROP. Le sujet de l'exposition porte, comme celui du livre, sur l'excès – cette condition humaine engendrée par le cerveau, seul d'ailleurs à être à même de pouvoir la gérer.

Les livres et les articles de Daniel Milo ont été traduits en anglais, en espagnol et en russe ainsi que dans sa langue maternelle, l'hébreu. Pour Narcisse. Traité de l'amour impartial, sa seule oeuvre publiée à compte d'auteur – « Narcisse a payé l’amour objectif de sa vie, je vais payer l’amour de Narcisse de ma poche » (DSM) -, est aussi la première à être traduite en polonais. C'est aussi celle à laquelle il reste particulièrement attaché.

 

 

  

 

Pour Narcisse. Traité de l'amour impartial

Narcisse, comme l'auteur le déclare tout au début, est dans ce livre un mythe à abattre. Qui d'ailleurs ne condamnerait pas un invalide d'amour dont le nom est devenu une insulte? Là pourtant où la majorité s'arrête, le philosophe déclenche la guerre des clichés. Il refuse de se fier au bel ephèbe que l'on connaît et choisit à la place de lire son histoire dans le texte.    

Cependant, bien avant même de s'y mettre, il découvre autour de Narcisse des interprétations perverses. Ainsi le premier mythe à abattre est l'identité mythologique du héros. Milo rend les droits d'auteur à son détenteur légitime, en démontrant que – malgré la position prise par les (trop) nombreux spécialistes – l'histoire de Narcisse n'est pas un mythe grec, mais une œuvre originale du Romain Ovide.

La méthode avec laquelle il examine les sources reste toujours la même : lire les lignes et les lignes seulement. La lecture se montre en effet révelatrice. Ainsi l'habitude de considérer Narcisse comme l'incarnation d'un amour facile de soi s'avère l'une des plus grandes impostures de la pensée humaine. Loin d’aimer soi-même, Narcisse est tombé amoureux d’une image qu’il ignorait être son propre reflet. De plus, cet être sublime pour lequel il s’enflame est l’objet des passions de tous les personnages du récit.

Chez celui qui passe pour le prototype de la frigidité et de l'auto-complaisance, Milo découvre la passion, l'intégrité et la soif (assouvi) de l'absolu. Ainsi ce n'est pas son amour propre, mais son idéalisme que Narcisse paye de sa vie. De même, le personnage dont le jugement aurait été faussé par une préférence pour sa propre personne, s'avère être le porteur de l'amour le plus justifié qui soit.

Narcisse est remplacé par le narcissisme, phénomène qui n'a en commun avec le héros que le nom. Sigmund Freud nous a en effet révélé que nous étions tous des narcisses. Nous sommes toutefois condamnés à perdre le paradis de notre enfance - ce seul moment oů nous pouvons en toute impunité nous considérer comme le centre du monde. La chute est le résultat d'une pression sociale, mais avant tout, comme le souligne Milo, celui de notre propre jugement éveillé.

A la différence de Freud, chez Milo, comme dans la vie, l'enfant ne devient pourtant pas tout de suite adulte. Le chemin qui mène du paradis perdu de l'enfance à la terre promise de l'âge adulte passe par le désert de l'adolescence, le dernier moment où, selon le traité, on peut donner libre cours à ses penchants les plus nobles : l'idéalisme et l'impartialité. Or c'est dans ces penchants-là que l'homme rejoint le héros.

C'est bien dans la « jeunesse qui vole toujours plus haut » (Mickiewicz) que nous mesurons les choses à leur aune : nous appelons la grandeur « grandeur » et le banal « banal ». La sympathie de l'auteur est décidément pour cette vision-là – bref, pour la vérité. Il est parfaitement conscient cependant du prix payé par ces quêteurs d’objectivité : les statistiques de la morbidité sont formelles ainsi que celles de la psychosomatologie. On peut dire, en effet, beaucoup de choses de la jeunesse, mais on ne peut pas dire qu'elle s'aime...  

L'homme a besoin de s'accepter pour exister. Il renonce donc à son idéalisme adolescent qui implique fatalement le regard imparitial sur soi. Pour obtenir du soutien il sonde son âme, or « plus je vais au fond de moi-même, moins je suis seul. Et les autres, jadis inflexibles, maintenant l'exhortent : « Accepte-toi tel que tu es ! Personne n'est parfait ! » Or tous les dictionnaires s'accordent sur le nom de cette loterie sans perdants: narcissisme !

La tranquillité ainsi atteinte n'est dérangée que par Narcisse, celui qui s'obstine à se fier aux apparences. Lui seul peut se le permettre, car  sa grandeur est « toute de surface ». Nous autres, nous sommes condamnés à l’auto-complaisance des profondeurs. Mais rendons hommage à l'objectivité de Narcisse, rescapé de l'odium imposé par le psychologisme envahissant.

D”ailleurs comment des êtres en trois dimensions, dont la vie ne se résume pas aux 200 lignes de la fable, peuvent-ils imiter Narcisse ? Par-ci par-là. Pour Daniel Milo il n'y a pas de leurre : l'amour de soi justifié n'est possible que par intermittence. Ainsi crée-t-il le Narcisse éthique: conscient de ne pas pouvoir échapper à sa psychologie, il refuse de s’en solidariser. La satisfaction ne consiste pas à réaliser toutes ses possibilités, mais à aller au bout de celle qui le mérite. En rejettant l’écrasante majorité de son être, le Narcisse éthique ne cultivera que ce qui, en lui-même, est aimable. Ce n'est que cette parcelle qu'il appelera « je ». Le reste, il le traitera de « on » et le refoulera sous un scénario bien ficelé.

« L'homme écrit sa légende et lui court après » - voici ce que nous enseigne le traité de l'amour impartial. 

 

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