Lynchage en Israël

 

      UNE POLITIQURE DE RACISME FAITE EN NOTRE NOM

                                                         (1992)

 

   On nous affirme que le carnage de Rishon-Le-Zion est le geste d'un fou, on ne dira pas le contraire. Ce diagnostic ne résout pourtant pas le problème, le vrai: Pourquoi la folie juive, en Israël, se dirige si naturellement contre les Arabes, ni pourquoi le châtiment de cette folie se solde, comme d'habitude, par une nouvelle tuerie dans les territoire occupés, institutionnelle, voire légale celle-ci.

 

   Dans 15 jours, dans deux ans, les profanateurs du cimetière juif de Carpentars seront découverts. Un scénario point fantaisiste revèlera leur casier mental: ce sont des aliénés (ou devenus tels ipso facto...). Devrait-on alors revenir sur la condamnation unanime du crime, regreter la grande manifestation qui en fut l'expression populaire? Ou se posera alors dans toute son acuité la question, la vraie: Qu'est-ce qui fait qu'en France, la folie est si souvent canalisée vers la haine de l'autre, en premier chef le Juif et l'Arabe (ordre historique que la statistique contemporaine a inversé)?

 

   Le genre "manifestation" traduit deux types de sentiment de révolte qu'il convient de distinguer. L'un, plus courant, vise les méfaits et crimes d'un autre que rien ne permet d'associer aux gens de bonne volonté, cet autre pouvant être un pays étranger ou un groupe diabolisé. L'autre, rare, s'insurge contre les méfaits et les crimes commis en notre nom, par l'Etat par exemple. La plupart des manifestations mêlent les deux révoltes: signer et chanter contre l'Apartheid siginifie aussi que les Blancs de l'Afrique du Sud nous "représentent", mais avec le décalage d'une décolonisation. Défiler de la République à la Bastille contre l'horreur de Carpentras est aussi un acte de mauvaise conscience, voire d'exorcisme de la part d'un pays qui n'a jamais fait le procès de l'antisémitisme qui mèna à Vichy, ni du racisme colonial. Il y aura d'ailleurs beaucoup à gloser sur l'absence chronique, en France, de manifestations qui disent à l'Etat: Tu ne nous représente pas!
- à comparer avec quelques rassemblements mémorables en Israël, par exemple.

 

   Le fait que le grand défilé de lundi dernier fut organisé par le CRIF et le Grand Rabbin de France le range clairement du côté des manifestations contre le "méchant-autre". En même temps dans les territoires occupés d'une façon systématique, à l'intérieur du pays d'une façon sporadique, un climat raciste autrement flagrant est toléré selon les uns, encouragé selon les autres par un gouvernement israélien à la dérive morale. Ce climat suscite des micro-crimes quotidiens, et parfois vomit-il des actes de folie comme celui de Rishon-Le-Zion. Or, qu'on le veuille ou non, et les chefs de la Communauté juive font tout comme s'ils acceptaient cette logique, le gouvernement israélien agit aussi en leur nom: "L'Etat d'Israël est l'Etat du peuple juif", dit la Déclaration d'Indépendance de 1948. Tant que la Diaspora dénoncera pas ce contrat tacite, moment qui ne viendra, nous l'espérons, jamais, l'Etat hébreu 1. la représente, d'une façon impossible à asseoir juridiquement et pourtant engageante, et 2. a le devoir quasi-constitutionnel de prendre en compte sa volonté. On ne peut pas se solidariser avec Israël sans en assumer les exploits - sans crier contre ses écarts et ses crimes. Il est en effet grand temps de briser la fausse, et si anti-démocratique équivalence entre pro-israélien et pro-gouvernemental (comme si pro-français et pro-Mitterand se valait...). Mesdames et Messieurs de la Communauté juive, il est de votre devoir d'orchestrer une toute aussi éclatante protestation que celle d'il y a une semaine, non pas contre le massacre de Rishon - on ne manifeste pas contre des fous -, mais contre une politique qui est faite en votre nom!

 

 

           

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